Virginie Rozière
Ingénieure générale de l'armement
Directrice du numérique
Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères
Introduction
Et donc en combinant l'ensemble de ce qui pourrait apparaître comme une contrainte, on arrive vraiment à avoir des solutions qui sont optimisées, qui répondent parfaitement aux besoins des utilisateurs, mais qui sont aussi sobres et rationnelles dans la manière dont elles sont conçues.
Je suis Virginie Rozière, je suis ingénieure générale de l'armement, directrice du numérique, du Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères.
Quand on aborde une dynamique de transformation numérique, on est souvent confronté à un faisceau d'exigences, d'attentes très fortes : la satisfaction des utilisateurs, la rationalisation de son parc informatique, une meilleure performance.
Et on peut avoir, je l'ai souvent entendu, tendance à penser que les enjeux environnementaux sont secondaires ou ne doivent pas être traités dans le cadre de la transformation numérique.
Personnellement, je pense que c'est une erreur d'appréciation et une erreur stratégique, parce que quand on se pose la question de l'impact environnemental des choix qu'on peut être amenés à faire sur le plan de la transformation numérique, on voit qu'on aligne souvent des objectifs qui ne sont pas opposés, mais qui vont plutôt dans le même sens.
On va rechercher la meilleure adéquation entre les moyens qu'on va mettre en place et l'atteinte à la fois de la satisfaction des utilisateurs, de la sécurité des systèmes d'information.
Donc on va être dans une approche de performance, vraiment de rapprochement des coûts et des bénéfices. Et en fait, cette rationalisation des moyens va tout à fait dans le sens de la maîtrise de l'impact environnemental.
Par exemple, on va se dire que dans le domaine de la sécurité des systèmes d'information, on ne peut pas embarquer la question environnementale, mais si on réduit sa surface d'attaque, si on limite son nombre d'applicatifs, eh bien on a une meilleure performance environnementale.
Quand on se préoccupe d'impact environnemental, la question de la mise en œuvre de l'intelligence artificielle interpelle tout de suite, parce qu'on est sur des technologies qui sont très consommatrices en ressources, en énergie et en eau. Et donc forcément, on doit se poser la question de l'impact de ces technologies.
En ce qui nous concerne, ça s'est fait assez naturellement. D'abord parce que quand on se préoccupe de transformation numérique, on doit rechercher la satisfaction des utilisateurs. Nous avons souhaité partir des besoins très concrets des diplomates, des agents du Ministère des Affaires Étrangères, en France mais aussi dans les postes à l'étranger.
Les besoins qui sont remontés, ce sont des besoins très concrets : comme je le disais, la traduction, la transcription d'entretien, demain la synthèse et le résumé automatique.
Et donc, plutôt que d'aller chercher des grands modèles qui font beaucoup de choses mais pas forcément de manière très efficace — mais qui correspondent à la manière dont on vend aujourd'hui l'intelligence artificielle de manière parfois un peu magique — nous avons été chercher des modèles spécialisés pour réaliser de la transcription et de la traduction.
Et puis on les a éprouvés. Et surtout, au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, nous avons un enjeu extrêmement fort de sécurité de l'information. Nous manipulons de l'information sensible. Et donc nous devons développer et mettre en place ces modèles dans nos propres infrastructures, qui n'ont pas les mêmes possibilités de scalabilité que celles des grands hébergeurs.
Et donc en combinant l'ensemble de ce qui pourrait apparaître comme une contrainte, on arrive vraiment à avoir des solutions qui sont optimisées, qui répondent parfaitement aux besoins des utilisateurs, mais qui sont aussi sobres et rationnelles dans la manière dont elles sont conçues.