Épisode #10 : Le cloud, problème ou solution à la sobriété numérique ?

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Vincent Coudrin, chargé de mission Cloud Computing à la Dinum

Le cloud computing, l’informatique en nuage, c’est une manière de produire des services numériques qui sépare l’infrastructure technique de l’effort que vous avez à fournir pour l’administrer. C’est ce qui permettait à Whatsapp de servir 450 millions d’utilisateurs avec 60 salariés. Des services modernes, performants, capables de passer à l’échelle, et qui sont devenus indispensables avec le télétravail.

C’est le monde de l’hyper scalabilité : la possibilité de croître quasiment indéfiniment, en vous appuyant sur des ressources très performantes - y compris en général énergétiquement. C’est le tour de passe-passe du cloud computing : donner un moyen de mobiliser des ressources dans de grandes proportions en faisant oublier que ces ressources, elles, ont un impact environnemental bien réel, aussi bien du côté « cloud » que du côté des clients équipés d’ordinateurs, de smartphone, etc.

Le cloud computing est aussi un modèle de production de services numériques très décentralisé, s’appuyant sur des très petites équipes travaillant toutes en parallèle. Chacune de ces équipes travaille indépendamment des autres équipes, et toutes ont la même capacité de mobiliser les ressources d’infrastructure, quasiment à l’infini.

Le cloud est donc non seulement la capacité pour une petite équipe de mobiliser des ressources en grandes quantités, mais également la multiplication de ces équipes. C’est une arme de destruction massive environnementale en libre-service, avec un effet rebond déjà constaté : les émissions de gaz à effet de serre liées au numérique sont en augmentation alors que les services cloud sont très économes en énergie pris isolément.

Alors que faire ? S’en priver ? Surtout pas ! Il faut consommer du cloud, mais de manière responsable :

  1. En tant que consommateur, veiller à consommer les ressources de cloud les mieux conçues du point de vue de leur impact environnemental : qu’elles soient densifiées et s’appuient sur des énergies renouvelables, en gardant en tête que les matériels pèsent les deux tiers des émissions de gaz à effet de serre du secteur ;
  2. Ne produire que les services numériques nécessaires (fréquences des sollicitations, volume et durée de stockage des informations, etc.) et vérifier que l’impact global est positif (est-ce que le service produit évite des déplacements ? des impressions ? de mobiliser des agents ? est-ce qu’on en profite pour supprimer d’autres services, etc) ;
  3. Mesurer et réduire l’impact de ces services de manière continue, en raisonnant toujours de manière globale (optimiser les temps de calcul, supprimer les fonctions qui ne sont jamais utilisées, réduire les performances des ressources si l’usage prouve qu’elles sont surdimensionnées, etc.).

L’impact potentiel du cloud est immense : bien utilisé, il peut contribuer à décarboner l’administration. À vous de jouer.

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